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Syndrome de Peutz-Jeghers
Définition
Syndrome génétique de polypose intestinale caractérisé par le développement de polypes hamartomateux caractéristiques du tube digestif (GI), et par une pigmentation mucocutanée. Le syndrome de Peutz-Jeghers (SPJ) induit un risque très élevé de cancer, aussi bien digestif qu'extra-digestif.
ORPHA:2869
Niveau de classification : PathologieRésumé
Epidémiologie
La prévalence estimative du syndrome de Peutz-Jeghers (SPJ) se situe entre 1/25 000 et 1/300 000 naissances.
Description clinique
Malgré une grande variabilité entre les familles, les polypes caractéristiques apparaissent généralement au cours de l'enfance et au début de l'âge adulte, souvent au cours des dix premières années de vie. Les polypes hamartomateux peuvent se produire à n'importe quel endroit du tractus gastro-intestinal, mais sont plus fréquents dans l'intestin grêle. D'autres sites concernés sont l'estomac, le côlon, les narines et rarement, le pelvis rénal, la vessie et les poumons. Bien que bénins, les polypes peuvent induire des complications incluant une occlusion intestinale, un prolapsus rectal et une hémorragie digestive sévère avec anémie secondaire, et une invagination. Peuvent apparaître également des adénomes et des polypes hyperplasiques. Au cours de la petite enfance et de l'enfance, les patients développent des macules, dont la couleur varie de bleu foncé à brun foncé, autour de la bouche, des yeux, des narines, de la muqueuse buccale et dans la zone péri-anale. On observe par ailleurs une hyperpigmentation sur les doigts et les orteils. Les lésions peuvent s'atténuer à l'adolescence et à l'âge adulte, mais elles tendent à persister au niveau de la muqueuse buccale. Elles peuvent être source de stress psychologique. Les malignités digestives et extra-digestives concernent principalement les patients adultes et incluent les cancers colorectal et gastrique (risque estimé à 15 % à l'âge de 50 ans et 57 % à l'âge de 70 ans), pancréatique (risque de 5 % à 50 ans et 17 % à 70 ans), le cancer du sein et de l'ovaire chez les femmes (risque de 8 % à 40 ans et 32 % à 60 ans). Les patientes peuvent aussi développer un adénome malin du col de l'utérus, et des tumeurs bilatérales et multifocales des cordons sexuels avec tubules annulaires (SCTAT), généralement bénignes.
Etiologie
La maladie est causée par mutation du gène STK11 (19p13.3). Des mutations sont retrouvées dans ce gène suppresseur de tumeur chez plus de 80 % des familles affectées. Il n'existe pas de corrélation génotype-phénotype clairement établie. Une étude a démontré que la première polypectomie et le délai d'apparition des autres symptômes étaient significativement retardés chez des individus porteurs de mutations faux-sens, par rapport aux patients porteurs de mutations tronquantes ou n'ayant pas de mutation détectable.
Méthode(s) diagnostique(s)
Le diagnostic repose sur le tableau clinique et peut être établi chez un patient présentant l'un des signes suivants : au moins deux polypes PJ confirmés sur le plan histologique, un ou plusieurs polypes PJ et un antécédent familial de SPJ, une pigmentation mucocutanée caractéristique et un antécédent familial, ou un ou plusieurs polypes PJ associés à une pigmentation mucocutanée caractéristique. Un test génétique moléculaire est disponible sur le plan clinique pour le gène STK11 et confirme le diagnostic. Outre les mutations affectant la protéine STK11, de grandes délétions du STK11 ont également été rapportées comme étant à l'origine du SPJ et doivent être envisagées lorsque le séquençage ne permet pas d'identifier le codage de la protéine ou un variant d'épissage.
Diagnostic(s) différentiel(s)
Les diagnostics différentiels incluent le syndrome de polypose juvénile, la polypose mixte héréditaire, le syndrome tumoral hamartomateux lié à PTEN et le complexe de Carney.
Diagnostic prénatal
Un diagnostic prénatal est disponible pour les grossesses à risque, si la mutation causale a été identifiée au sein de la famille.
Conseil génétique
Le syndrome se transmet selon un mode autosomique dominant. Le nombre de cas liés à des mutations de novo n'est pas connu. Un rapport récent a révélé que neuf des quatorze cas sporadiques se présentant chez des enfants étaient dus à des mutations de novo et que la cause des cinq autres cas ne pouvait être déterminée. Le conseil génétique devrait être proposé aux personnes porteuses de la mutation responsable de la maladie, les informant qu'il existe un risque de 50 % de transmettre la mutation à la descendance.
Prise en charge et traitement
La résection des polypes, des invaginations et des tumeurs se fait selon les techniques habituelles. Selon certaines données, l'endoscopie de routine et l'endoscopie peropératoire avec polypectomie diminuent la nécessité d'une laparotomie et la perte d'intestin. De nouvelles technologies telles que l'endoscopie par capsule vidéo, l'entérographie par résonance magnétique et l'entéroscopie-sonde à ballonnet sont proposées pour réduire l'envergure de la prise en charge. Bien qu'elles soient généralement recommandées, il n'existe pas de données quant au bénéfice des stratégies de surveillance des malades. Le but de celle-ci est de réduire les complications liées aux polypes chez les patients plus jeunes, et de détecter les tumeurs chez les patients plus âgés.
Pronostic
Le pronostic dépend de la sévérité des complications des polypes et du développement des malignités. Une surveillance régulière de la taille des polypes permettra une meilleure prise en charge.
Informations supplémentaires
Professionnels
- Information résumée
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- Article de synthèse
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- Recommandations pour la pratique clinique
- English (2021)
- Revue de génétique clinique
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